Lada Egorova

de Sherif Awad
Lada Egorova

-Je suis née en Russie et j’ai ensuite déménagé en France à l’age de 4 ans. Ma famille n’a rien avoir avec le domaine du cinéma et de l’art en général. Je me souviens quand je suis arrivée en France, je suis allée au cinéma pour la première fois de ma vie et j’ai tout de suite été fascinée par les films et le fait de s’asseoir pendant deux heures dans une salle et observer sur grand écran des personnages évoluer dans des mondes divers. En grandissant j’ai développé ma passion pour les films, je voulais d’abord être comédienne et danseuse, je prenais des cours de danse et des cours de théâtre. J’ai participé à des spectacles et compétitions de danse ainsi que des représentations théâtrales. Vers l’âge de 15 ans j’ai commencé les castings et j’ai participé à des courts-métrages étudiants ou fait de la figuration sur des films professionnels. C’est là que je me suis rendue compte que ce que je voulais vraiment c’était de réaliser mes propres films. Quand on est acteur, on joue dans le film de quelqu’un d’autre, ce n’est pas vraiment notre projet. Ce que je voulais c’est avoir un contrôle artistique totale du début jusqu’à la fin. Je me suis alors décidée à suivre ma passion et j’ai commencé une licence cinéma à l’Université Paris Est Marne la Vallée. Pendant ces années, j’ai développé mes compétences en écriture de scénario, réalisation, montage, cinématographie.

-Je pense que l’un des réalisateurs qui a le plus marqué mon adolescence est Christopher Nolan et ensuite vers la fin de mon adolescence Denis Villeneuve. J’admirai des acteurs comme Ryan Gosling dans Drive de Nicolas Winding Refn, j’adorai les personnages complexes et avec une part d’ombre. Un réalisateur qui a marqué mon enfance est Peter Jackson. Jusqu’à ce jour, je suis certaine que Le Seigneur Des Anneaux est l’œuvre qui m’a fait aimer le cinéma et donné envie de faire partie de la création cinématographique. Dès l’âge de 6 ans je regardais tout le temps ces films, je ne m’arrêtais jamais. Il m’arrivait de regarder les trois films au mois deux fois par semaine. Les acteurs hollywoodiens ont aussi marqué mon enfance, leur glamour, leur talent, je voulais être comme ces actrices américaines. J’ai beaucoup plus été influencée par le cinéma américain que le cinéma français car c’est ce que mes parents regardaient le plus. Je n’oublierai pas cependant le nombre de fois que j’ai ri devant les scènes de Louis de Funès dans Les gendarmes à St Tropez !
-J’étais dans deux écoles. Ceux qui disent qu’il faut aller en école de théâtre et de cinéma pour réussir et ceux qui disent que c’est facile d’apprendre sur le tas ou en regardant des tutoriels sur YouTube. Après je pense que cela dépend. Un danseur a besoin de prendre des cours de danse pour progresser et entraîner son corps. De même, je suis convaincue qu’être acteur est un métier qui s’apprend et qu’il faut travailler pour développer ses qualités d’acteur (voix, mouvements du corps, etc) Pour ce qui est du cinéma il est vrai que maintenant on peut apprendre à faire des films en regardant des vidéos sur internet, des master classes en ligne etc. Et la meilleure façon d’apprendre est de prendre une caméra et faire des films entre amis. Ce qu’apporte l’école de cinéma ce sont des connections, les gens que l’on rencontre en école seront généralement ceux avec qui nous travaillerons dans le futur très probablement. L’école de cinéma permet de se créer un réseau et dans le monde du cinéma pour réussir il ne faut pas simplement du talent mais aussi et surtout des connections. J’ai fait une licence cinéma car j’avais besoin d’un Bac +2 pour tenter La FÉMIS. Les cours étaient surtout théorique mais nous avions la possibilité d’utiliser le matériel pour nos projets  personnels et c’est comme ça que je me retrouvais à faire des films régulièrement et à aider mes amis à faire leurs films. C’est principalement comme cela, en étant sur des tournage et faisant mes propres films que j’ai appris le plus.

-J’ai toujours été focalisée sur mon désir de devenir célèbre, d’être aimée par le plus grand nombre, admirée et pouvoir inspirer les gens. Maintenant c’est toujours le cas mais je ne veux pas atteindre la célébrité d’un coup avec une oeuvre qui ne me représente pas vraiment. Je préfère prendre mon temps, développer mon art, ma vision et mon style et ensuite être connue pour cela. J’ai compris que l’on ne devient pas célèbre d’un coup d’un jour à l’autre aussi facilement (oui c’est possible mais ce sont surtout les gens qui font le buzz sur internet). Il est plus intéressant de travailler, de progresser et ensuite montrer le meilleure de nous même et de notr art au reste du monde.
-Effectuant actuellement ma troisième année de cinéma aux États-Unis, j’ai remarqué qu’ils ont fait des efforts pour inclure les femmes, soutenir les réalisatrices, les directrices de photographie et en général à avoir plus de diversité devant et derrière la caméra. Il y a des programmes de soutien, des master classes, des aides de financements, des festivals, des sociétés et des organisations comme Women in Film. J’ai l’impression qu’en France le processus est plus lent. Le cinéma français repose encore sur le passé, les hommes restent majoritaires mais cela n’empêche pas que les jeunes générations de femmes réussissent à s’affirmer dans l’industrie et nous avons de merveilleuses réalisatrices comme Céline Sciamma et Claire Denis qui s’imposent.
-La France est connue comme étant l’un des derniers pays qui réussit à faire face au cinéma américain. De plus, il y a une réelle culture du court-métrage et le gouvernement ainsi que des organisations font un merveilleux travail pour soutenir les auteurs. Le cinéma est considéré comme un art plus qu’un business en France, ce qui laisse les réalisateurs conserver une grande liberté sur leur travail. Pour cela les artistes en France ont beaucoup de chance. Cependant, bien que de nombreux nouveaux talents émergent, c’est toujours les mêmes en haut de l’échelle. Il serait temps de passer la balle aux jeunes générations mais la France insiste pour garder “les anciens”. Ce qui fait que la plus part des fonds d’aide ou de financement reviennent à des artistes déjà ancrés depuis longtemps dans l’industrie plutôt qu’aux nouveaux talents. Il est difficile d’accéder aux tournages professionnels car il y a une réelle élite qui reste entre elle et qui refusent d’accepter de nouvelles personnes. Il y a un entre-soi qui persiste dans le cinéma français. Les nouveaux talents doivent trouver une voie plus indépendante, “hors-circuit” pour s’imposer.
Lada Egorova
-Je n’ai pas encore la notoriété suffisante pour écrire ou réaliser “sur-demande’. Cependant j’ai été première assistante-réalisateur sur de divers projets où j’ai pu apporter des idées pour soutenir la vision artistique d’un réalisateur. Lorsque je lis un scénario, je le lis d’abord comme un lecteur qui découvre une œuvre. Je le lis ensuite une deuxième fois avec plus d’attention, je prends des notes sur ce qui ne fonctionne pas, j’écris des questions sur certains éléments que je n’ai pas compris ou à propos d’éléments que le scénario n’explique pas. Ensuite je relis à nouveau en pensant aux aspects techniques, je fais un dépouillement et essaye de m’imaginer dans quels lieux les scènes seront tournées, quelle mise-en-scène, quel montage, etc. J’essaye aussi de réfléchir à des œuvres déjà existantes pour comparer, avoir une référence. J’aime discuter d’un scénario, poser des questions et avoir un débat avec le réalisateur ou l’équipe technique à propos des motivations des personnages et la meilleure manière de raconter l’histoire.
-J’ai reçu une bourse pour écrire un long-métrage thriller avec l’aide d’une professeure de l’Université de la Nouvelle-Orléans, qui est ma mentor. Je termine aussi de développer une série TV durant la Seconde Guerre Mondiale, j’ai écrit le pilote et le “série-bible”. Enfin, j’ai l’opportunité de développer un court-métrage qui sera produit par un producteur indépendant de New-York. À côté de cela j’aimerai aussi écrire un long-métrage que je pourrai tourner à petit budget l’année prochaine. 
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