Aurélie Toucas

de Sherif Awad

Aurélie Toucas

-Je suis née dans un petit village de Normandie. Ma mère et ma grand-mère étaient toutes 2 professeures de piano, mon oncle photographe, j’ai donc eu la chance d’être toujours bercée par une forme d’art. En tout cas, je savais qu’il était possible d’en faire son métier. Je me déguisais beaucoup, fabriquais des costumes, écoutais Carmen de Bizet en boucle… Et encore une fois, j’ai eu la chance d’être entourée de gens qu’encourageaient cette chose-là.

-À 16 ans, on découvre que j’ai “une voix”, je commence donc à me former à l’art lyrique. C’est une discipline très rigoureuse pour la jeune fille que je suis mais je travaille dur et découvre l’euphorie de la scène. Plus tard, afin de m’émanciper de cette famille de musiciennes, je choisis le théâtre, et laisse de côté la musique. J’entre aux cours Florent puis au Conservatoire Nationale Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Cette formation changera ma vie. Contrairement à toutes autres formations, nous y étudions de 8h à 23h, nous passons notre vie sur scène. Je rencontre des pédagogues, des professeurs exceptionnels et des amis pour la vie. C’est à ce moment que je trouve ma légitimité en tant que comédienne et reprends l’art lyrique. À la sortie du conservatoire j’ai les 2 casquettes, chanteuse et comédienne. Etre comédien s’apprend au quotidien, selon les metteurs en scène que l’on a en face de soi. La sincérité, être à l’instant présent c’est la quête d’une vie.

-Petite, ma grand-mère me fait découvrir Jaqueline Mayan ! « Je veux faire ça ! ». Puis Gene Kelly, J’ai dû voir « Chantons sous la pluie » un millier de fois puis faire et refaire les scènes du film devant mes grands-parents, mon premier public ! Et Zouk, Muriel Robin, Annie Girardot, Alice Sapritchi, Meryl Streep

-Faire mon métier me rend heureuse, et je le fais de beaucoup de manières, je joue dans des choses très éclectiques, j’ai la chance de passer du théâtre subventionné au théâtre privé, chose rare… ! Je fais de la mise en scène, du théâtre de rue, je donne des cours à des gens très intéressants. J’écris des scénarios avec ma co-autrice, Je suis vraiment chanceuse . Cependant, j’ai souvent la sensation de ne pas en faire assez, et d’avoir une réelle difficulté à « me vendre » comme on dit. Il y a toujours des rôles qui me font rêver, que je n’ai pas joué ! Des textes que je souhaite monter que je n’ai pas monté ! Ce sont des rêves et des désirs perpétuels ! Mais c’est un moteur. J’ai le privilège d’avoir des collaborateurs fidèles avec lesquels c’est un bonheur de travailler. Donc, et je le dis avec le sourire, hormis ces quelques frustrations, ce métier est une joie. Quant à la célébrité, je m’en fiche totalement ! L’essentiel est de toujours faire mon boulot.

-Si part « genre » vous entendez être une femme dans ce métier, oui il y a des défis ! Encore maintenant, une comédienne peut-être perçu comme une « femme facile », on n’est pas toujours prise au sérieux, surtout dans ma fonction de metteur en scène. Être cheffe de projet reste compliqué et les remarques sexistes fusent encore beaucoup. Il faut arriver très sûre de soi et pleine d’aplomb ! Mais la vraie difficulté, c’est être mère et comédienne ! Pour ma part j’ai deux petites filles. Mis à part les nombreux départs en tournées qui posent bien entendu des soucis d’organisation, c’est toujours à moi ( et non à l’homme qui partage ma vie) que l’on demande comment je fais !?? Comment je fais pour les laisser ? Comment je fais pour m’organiser ? Comment j’ai fait pour faire des enfants avec mon métier !!!!???? Je réponds que mes filles ont un papa génial, qui s’en occupe aussi bien que moi, et que cet homme comprend mon métier et me laisse libre de l’exercer comme je le souhaite !

-Oh…!! La jolie question en ces temps troublés! La situation actuelle des arts: Je fais principalement du spectacle vivant. Alors évidement les choses sont corsées. 

Je travaille principalement en France, et quoi qu’on dise, c’est un pays merveilleux pour exercer notre art. Il y a l’intermittence du spectacle, l’exception culturelle, et beaucoup de moyens pour les arts. 

Il me semble important, à l’heure actuelle, de développer le théâtre de proximité. Apporter les arts dans les milieux défavorisés, se rendre accessible par tous les moyens (financiers, culturels…) être moins élitiste est un combat que je souhaite mener de plus en plus.

-En général, je suis toujours très enthousiaste à chaque nouveau projet ! C’est une chance incroyable, un nouveau projet veut dire: nouvelles rencontres, nouveau texte, nouveau lieu, c’est merveilleux ! Chaque projet est différent. Il y a l’artistique bien sûr, et l’humain. Je prends toujours soin de comprendre comment travaille le chef de projet et mes partenaires. Cependant, il me parait nécessaire de faire preuve de professionnalisme dans tous les cas de figure. Nous ne travaillons pas tous de la même manière. Je lis plusieurs fois le texte, le projet, le dossier. Je pose des questions quand c’est nécessaire, je garde le silence le plus possible lorsque je répète, l’acteur français parle beaucoup ! Et ça peut ralentir le travail… ! Je prends soin aussi, de vérifier que le projet me convient, qu’il ne va pas à l’encontre de mes conviction. C’est important de toujours penser “pour” et non “contre” lorsque les choses véhicules un message qui ne vous convient pas. Lorsque j’ai des difficultés je me remémore tous ce que j’ai appris de grand pédagogue comme Christophe Rauck, Omar Porras ou Cécile Garcia-Fogiel.

-Je suis en tournée sur deux projets bien différents : Mes pires amies, comédie de boulevard avec LP production et “Callas, en toutes lettres” adaptation des lettres et mémoires de Maria Callas mis en scène par Laurence Andreini et le théâtre Amazone, quelle chance j’ai de passer d’un registre à l’autre!! Puis je suis dans l’attente programmation avec 2 projets de mise en scène, je n’en dirais rien pour l’instant!

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