KAMELIYA AFSHARI

Exclusivement pour www.MeetingVenus.com
Photo: Yann Saint-Pé.
-Alors, je suis née en France d’une mère française et d’un père iranien. Mon père était communiste et a donc fui l’Iran durant la Révolution car c’était trop dangereux pour lui de rester. Ce que j’ai toujours trouvé très amusant, c’est que l’histoire de mes parents fait un peu conte de fées : mon père descend du roi Nader Chah qui régnait sur la Perse. Et ma mère, elle, descend d’une famille modeste d’agriculteurs, fermiers. C’est un petit peu comme si la paysanne se mariait à un prince. Mon père est d’abord allé sur Paris, puis a étudié à la fac de Lille, et c’est comme ça qu’ils se sont rencontrés, à la bibliothèque. Puis ils se sont mariés, et je suis apparue ! Et cinq ans plus tard, c’était au tour de ma petite sœur, Méhérine.
-Je pense que l’art, ça a toujours été en moi. Ma mère a toujours adoré la musique, donc j’en écoutais déjà depuis son ventre ! Je pense que ça a dû influencer. Car je chantais même avant de savoir parler. Quand j’avais 2-3 ans, je mettais des lunettes de soleil et me mettais à chanter, comme si j’étais sur scène, dans toutes les langues. Même si c’était plutôt du yaourt que des mots quand ce n’était pas du français ! En ce qui concerne le théâtre, j’ai toujours adoré interpréter des personnages ou m’imaginer des mondes avec des histoires. Je regardais beaucoup la télé aussi, dès que j’avais un moment de libre. Ca m’émerveillait, j’étais comme captivée. Comme je n’avais pas beaucoup de chaînes à regarder à la télé, je mettais tout le temps mes cassettes vidéos en boucle. Mon film préféré, c’était Mary Poppins. Je le connaissais par cœur, et en même temps que je regardais, j’interprétais le rôle de Mary Poppins avec le parapluie, les pieds dans la même position qu’elle, le sac… On peut dire que ça a été mon 1er rôle !
Ma mère me lisait beaucoup de livres de contes, j’adorais ça. J’ai donc vite appris à lire pour pouvoir dévorer encore plus d’histoires.
Puis à 6 ans, après avoir testé différentes activités artistiques extra-scolaires, j’intègre le conservatoire de Saint-Maurice Pellevoisin où j’y apprends le solfège, le chant avec la chorale, et le violon. Mais je n’ai fait qu’un an de violon car j’avais une prof qui me stressait beaucoup. J’ai préféré ensuite ne me focaliser que sur ma voix, que je considère comme un instrument à part entière. La même année, mes parents m’ont offert un appareil qui permettait d’enregistrer sur des cassettes audio. J’adorais parler dans le micro, interviewer des gens, faire mon petit clown en posant l’éternelle même question : qu’est-ce qu’un homme préhistorique ? J’ai beaucoup embêté ma famille avec ça.
-Pour la musique, quand j’étais petite, ma mère me mettait radio nostalgie qui passait toujours les mêmes chansons françaises et anglaises que je connaissais par cœur. Mes grands-parents m’ont aussi fait découvrir les grands classiques de la chanson française. Donc j’ai été bercée par Jacques Brel, Jean Ferrat, mais aussi Johnny Hallyday, les Beatles, les Rolling Stones, Madonna, ABBA. Mon père m’a fait découvrir les classiques de la chanson iranienne avec Dariush, Googoosh, mais aussi de la pop iranienne avec Leila Forouhar, Afshin, Omid, Mansour…
Puis ma tante s’est mis en couple avec un bolivien, donc j’écoutais des chansons espagnoles de Helmut Lotti et des musiques traditionnelles d’Amérique latine.
J’ai toujours aimé le classique aussi, surtout le piano et le violon. En particulier Chopin, Mozart, Vivaldi, Camille Saint-Saëns, Prokofiev avec le fameux Scheherazade et Pierre et le loup.
A l’adolescence, j’ai découvert Michael Jackson et Queen, qui m’ont tous deux subjugués.
Pour tout ce qui est théâtre, mes grands-parents m’ont fait découvrir Michel Leeb, un comédien et humoriste français, quand j’étais petite. Et pour tout ce qui est film, j’ai été bercée par Mary Poppins, Harry Potter, mais aussi des films plus anciens comme Charlie Chaplin, Laurel et Hardy. Sans oublier toutes les œuvres de Louis de Funès que j’ai découvert grâce à mes grands-parents.
Pour les livres, je lisais beaucoup de contes et de romans fantastiques de J-K Rowling, Sophie Audouin Mamikonian, les contes des mille et une nuit. Puis vers l’adolescence, j’ai découvert les romans policiers thrillers de Mary Higgins Clark qui sont captivants.

 – Alors, il n’y a pas de parcours type, chacun est unique, ça varie beaucoup selon l’histoire et les besoins de chacun. Et Il y a énormément de choses qui existent : des écoles privées, des conservatoires, des cours particuliers, des stages courts, des formations longues…

En France, en ce qui concerne les écoles académiques, les conservatoires, je trouve que c’est encore très scolaire et rudimentaire, pas forcément adapté pour tout le monde. Il y a beaucoup de théorie, des examens et des auditions qui peuvent être stressants. En musique, les morceaux sont souvent imposés donc on ne peut pas faire ce qu’on veut. Les styles musicaux ne sont pas mélangés : les conservatoires, en général c’est très classique, avec des partitions, ils ne laissent pas beaucoup de place à l’improvisation, sauf s’il y a des classes spécialisées en jazz. Mais on ne va pas trouver de la pop ou du rock. Pour cela, il faut aller dans des écoles de musiques actuelles, mais du coup les musiciens sont en général moins expérimentés et ont un moins haut niveau que ceux du conservatoire qui font ça souvent depuis petits. Niveau théâtre, pareil : dans les conservatoires, il y a beaucoup de travail sur le corps, le rapport aux autres comédiens, construction des personnages et le texte. Et les pièces sont en général très classiques ou contemporaines. Et la plupart du temps, c’est de la dramaturgie, on n’aborde pas trop la comédie, ou l’improvisation, et c’est fort dommage. Après il y a les clubs et ligues d’impro. Je trouve que la France met encore beaucoup les gens dans des boîtes, dans des cases. Si on prend le cas des agents, par exemple, il y aura des agents spécialisés pour les acteurs, des agents pour les chanteurs etc…alors que dans d’autres pays, l’agent représente l’artiste de manière globale, même s’il fait plusieurs disciplines. Et dans des pays comme l’Angleterre ou les Etats-Unis, il y a vraiment des écoles où les cours pour être acteur sont beaucoup plus variés et complets qu’en France : combat, techniques vocales, plans de carrière, comment se vendre auprès d’agents et de producteurs, rapport au corps et au mental…et tout ça dans un seul cursus. Et en France on n’a pas ça. On est obligé de combiner plusieurs choses pour pouvoir être excellent et travailler. Donc moi j’ai combiné plusieurs choses dans mon apprentissage : le conservatoire où j’ai eu solfège, chorale, cours de chant, théâtre. Les ligues d’impro pour la comédie et être plus à l’aise sur scène, avec l’interaction du public. Des sports de combat et un peu de danse pour être plus à l’aise avec mon corps. Les shootings photo, car non seulement c’est très important d’avoir des photos de bonne qualité, mais cela aide beaucoup pour la confiance en soi et le rapport à la caméra. Les bœufs et jam cessions avec les copains pour l’impro musicale et l’interaction avec les musiciens. Les courts-métrages étudiants pour savoir ce que c’est de jouer avec une caméra et d’être scruté par toute une équipe, car au conservatoire, on nous apprend le jeu sur une scène et non un plateau, et ce sont 2 choses qui sont très différentes. Et les vidéos sur internet, les rencontres professionnelles et les stages pour apprendre les réalités du métier, comment communiquer, comment se vendre… Mais pour moi, le meilleur apprentissage, c’est sur le terrain. C’est bien beau d’étudier, mais un jour ou un autre, il faut faire des auditions, créer ses propres projets et les montrer au grand public. Il faut oser et aller au-delà de ses peurs.
-C’est satisfaisant d’atteindre la célébrité dans le monde entier? Satisfaisant, c’est un grand mot, car la célébrité a ses avantages et ses inconvénients. Pour moi, je considère la notoriété importante pour pouvoir travailler plus facilement. Quand on est connu, on obtient plus facilement de contrats, plus de personnes veulent bosser avec nous, et donc financièrement on est plus à l’aise, car être artiste, surtout au début, c’est très variable. Les salaires fluctuent aussi, il y a des bonnes et des mauvaises périodes. Quand on est connu, je pense qu’on est un peu plus tranquille avec ça. Et puis, je pense qu’on a plus de libertés à pouvoir choisir avec qui on souhaite travailler, de choisir les projets. Pour moi, je fais ce métier parce que je me sens chez moi quand je suis sur scène, j’aime ce contact avec le public, transmettre des émotions, emmener les gens dans mon monde. Et exprimer ce que je ressens aussi. Et puis, si je peux faire changer les gens d’avis sur certains sujets ou les aider à avancer sur certaines problématiques, leur faire comprendre certaines choses, alors je serai la plus heureuse. Et si je peux toucher un grand nombre de personnes tant que je suis sur cette Terre, tant mieux.
Mais la notoriété a ses inconvénients aussi : les personnes connues sont arrêtées par des gens qui veulent prendre des photos, même si elles veulent être tranquilles ou qu’elles ne ressemblent à rien. C’est plus difficile de protéger sa vie privée, et les gens attendent beaucoup d’elles.
Il y a une espèce d’idolâtrie des artistes, je n’ai jamais vraiment compris pourquoi. Car on est juste des grands enfants qui jouent à interpréter des personnages et qui s’amusent en chantant sur scène ! On ne sauve pas des vies, même si on peut incarner des docteurs ou des chirurgiens ! Peut-être que les gens s’identifient à nous ou nous admirent parce que eux n’arriveraient pas à faire ce qu’on fait ? Je ne sais pas trop. Mais si on les déçoit, la notoriété peut changer du jour au lendemain. Les artistes sont très critiqués, tout le monde se permet de donner son avis, surtout avec internet, maintenant c’est facile. Tout le monde se cache derrière son écran. Donc si on veut faire ce métier, il faut être fort psychologiquement, avoir confiance en soi, savoir qui on est et ce qu’on veut, sinon c’est la descente aux enfers.
-Et les défis liés au genre versus la profession? Oui, le fait qu’on soit nombreux et qu’avec les réseaux sociaux, c’est très éphémère. Maintenant les agents regardent beaucoup si on est suivi sur les réseaux, ce qu’on poste, alors qu’avant c’était le talent qui primait. Maintenant quelqu’un qui danse n’importe comment mais qui fait marrer peut avoir des millions de followers et des contrats. Et puis si on est chanteur, on peut faire peut-être un tube ou un album qui marche, et après être oublié, parce qu’il y a tellement de nouveaux artistes qui émergent. C’est un peu comme une usine. Donc pour rester sur du long terme, il faut avoir une vision sur du long terme, appuyer sur nos points forts, notre authenticité, notre originalité. Enfin, c’est ce que je pense. L’autre difficulté que j’ai encore, c’est qu’on ne me connaît pas assez. J’aurai vraiment besoin d’un gros coup de pub, promo, pour pouvoir me propulser.
Un autre frein, c’est plus par rapport à mon spectacle, Back In Time, qui est pluridisciplinaire. Comme je propose quelque chose de nouveau, et que j’ai 4 musiciens sur scène, c’est plus difficile de décrocher des contrats.
-Sur la situation actuelle des arts en France? J’ai déjà un peu répondu à la question avec mes réponses précédentes. Mais je vais rajouter qu’en musique, en France, il n’y a pas vraiment de grosses stars qui présentent des compositions originales. Il y a beaucoup de reprises, et plus beaucoup d’originalité. Tout le monde se ressemble. Enfin c’est mon point de vue. Pareil en terme de cinéma et de séries TV : la France copie beaucoup les histoires ou la manière de faire des américains. Sauf que c’est moins bien fait et que cela se voit. Mais il y a de jeunes réalisateurs talentueux et prometteurs qui émergent, à espérer que les américains ne nous les piquent pas ! On est encore très vieille France, même d’un point de vue artistique : tout est beaucoup centralisé sur Paris, et c’est dommage, parce que par conséquent, les réseaux sont saturés, et si on est dans une autre ville, on est parfois dédaigné par les professionnels. C’est vraiment idiot car beaucoup de tournages ne se passent pas sur Paris, mais en région. Et au lieu d’utiliser des acteurs talentueux de la Région, on prend des acteurs de Paris où on paye l’hébergement, sauf pour les petits rôles éventuellement.
Et puis on veut toujours ranger des gens dans des cases, copier des tendances. Comme je l’ai dit, au niveau de ce qu’on apprend dans les écoles, c’est pas assez complet comme formation, selon moi. Il faudrait créer une école ou un cursus plus complet. Et on ne voit pas assez d’originalité.
-Pour les nouveaux projets: Je regarde si le projet est intéressant, ce que la ou les personnes ont fait avant, et voir aussi ce que ça peut m’apporter à moi, et ce que moi je peux leur apporter à eux. Puis je bosse en fonction des directives qui m’ont été données, j’y mets ma patte, et surtout je m’amuse et je prends plaisir ! C’est le plus important. On n’a qu’une vie, alors si on passe son temps à faire des choses qu’on n’aime pas, alors à quoi ça sert de vivre ?
– Alors, j’ai mon nouveau spectacle que je viens de reprendre, qui s’appelle « Back In Time », qui est un véritable film scénique musical. Ca raconte l’histoire d’une jeune femme d’aujourd’hui qui a terminé ses études, et qui se rend compte que la vie d’adulte est compliquée. Alors, elle retourne dans le temps pour voir différents personnages de son passé, différents événements marquants qui l’aideront à comprendre comment grandir et avancer dans sa vie actuelle. Je suis seule en scène à incarner tous les personnages, tantôt jouant, tantôt chantant. Je suis accompagnée par des musiciens qui viennent ponctuer mon histoire, comme dans un film.
L’autre projet cette année, c’est de me faire connaître absolument, donc je fais des scènes ouvertes, des tremplins en musique. Des séries françaises dans lesquelles j’ai eu des petits rôles sont en train de sortir actuellement. A côté, j’ai ouvert mon entreprise de coaching vocal, dont le site est encore en construction. Et pour tous les projets futurs, n’hésitez pas à me suivre sur les réseaux sociaux : Kameliya Afshari, ou sur mon site web : https://kameliya-afshari.com/
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